Dans la période de crise que nous traversons, le Gouverneur Villeroy de Galhau, ancien directeur général
délégué de la BNP et véritable « Diafoirius », n’a qu’une seule réponse : « la saignée vous dis-je ! ».

Après avoir engagé une baisse de 20% des effectifs entre 2016 et 2020 et si son projet de 1000 nouvelles
suppressions d’emplois aboutit d’ici 2024 (sans la moindre concertation préalable avec les représentants
des usagers, associations de consommateurs ou d’élus) : plus de la moitié des effectifs serait ainsi « saignée »
en moins de 20 ans (NB : La BDF comptait plus de 18 000 agents dans les années 90, 14 000 agents en 2005
et en compterait environ 8 700 en 2024 …).

Alors que l’Institution dégage en moyenne 6 milliards d’euros d’excédent par an depuis 10 ans, les
répercussions de ces suppressions de personnel sur les relations avec les usagers, qu’il s’agisse des
particuliers ou des entreprises, seraient catastrophiques. Car, en aucun cas, le recours au numérique prôné
par les dirigeants de la Banque ne peut remplacer le contact et l’expertise humaine des agents du service
public que sont les salariés de la Banque de France.

Alors que le pays est malade, la Banque de France pourrait-être un des remèdes en :

  •  Développant son activité au service de l’emploi et des entreprises. Depuis la crise de 2008, par
    exemple, la médiation du crédit assumée par la Banque de France a permis de sauver 400 000
    emplois dans le pays (soit 40 fois les effectifs actuels de l’Institution). Aujourd’hui, après un an de
    crise sanitaire, les besoins en cette matière ont été multipliés par 14 (oui, 1 400% !) et les
    sollicitations des entreprises se multiplient.

 

  • Développant son activité auprès des usagers en difficulté, en situation de surendettement,
    demandeurs d’un recours au droit au compte bancaire… Cela est d’autant plus nécessaire que le
    ministre de l’économie et des finances, dans une réponse (publiée au JO du 25 mars 2021) à une
    question sénatoriale, déclare notamment : « alors que les effets de la crise perdurent, il ne peut être
    exclu qu’en 2021 de plus en plus de ménages voient leur situation financière fragilisée, voire
    basculent vers une situation de surendettement. »

 

  • Gardant tous ses services de caisses, seule solution pour garantir par la puissance publique
    l’approvisionnement de tout le territoire en billets. Le billet est le seul moyen de paiement gratuit
    et sûr pour toutes et tous. Le gouvernement de la Banque de France prétend pourtant en privatiser
    la gestion (tri et délivrance) dans 13 points du territoire sur 37, où il fermerait ses caisses au profit de
    Stocks Auxiliaires de Billets gérés par les sociétés privées Brink’s ou Loomis rémunérés pour cela par
    l’Institution.

Nos organisations associatives, syndicales et politiques, rassemblées et solidaires, convergent pour
déclarer que les missions, les implantations et les agents de la Banque de France jouent un rôle
irremplaçable au service des usagers et des territoires, dans l’exercice effectif de leurs droits légaux en
matière de lutte contre l’exclusion financière et de lutte contre l’exclusion du crédit aux entreprises. Cet
ensemble (missions de service public, implantations territoriales et personnels) est un vecteur de
développement économique et social sans aucun équivalent qui contribue, de manière exceptionnelle, aux
politiques d’aménagement du territoire, de cohésion sociale et de sauvegarde des bassins d’emplois.

Pour toutes ces raisons incontestables, l’approche comptable réductrice, privilégiée par le Gouverneur de
la Banque de France, est manifestement contraire à l’intérêt général.

Aussi, il est plus que jamais nécessaire de débattre de l’avenir des missions de la Banque de France, de sa
représentation territoriale et des moyens humains affectés avec la collectivité nationale (notamment les
associations de consommateurs et d’usagers, les associations d’élus locaux et les représentants des TPE/PME)
et les représentants du Personnel avant qu’un tel projet ne soit adopté.

Nous demandons donc une table ronde sur ce thème et un moratoire immédiat sur toutes les suppressions
d’emploi prévues à la Banque de France, qui doit avoir les moyens d’aider le pays à sortir de la triple crise,
sanitaire, sociale et environnementale.

Premiers signataires :

L’association de consommateurs INDECOSA CGT, ses organisations dans les territoires et ses représentants
dans les commissions de surendettement, ATTAC, la Confédération Nationale du Logement, la fédération
du logement des Landes, Alternative Mutualiste, le Conseil National des Associations Familiales laïques
(CNAFAL), Convergence nationale des services publics, Droit à l’énergie SOS Futur, STOP Précarité,
Résistance sociale, Émancipation collective, le Collectif Ne nous laissons pas tondre, le collectif « J’ose le
gilet jaune », RPS FIERS, le Comité de Vigilance pour le maintien des services publics de proximité du 70,
CSF Grand DAX, etc.

Le Parti Communiste Français, Europe Écologie Les Verts, La France Insoumise, Génération.s, la Gauche
Républicaine et Socialiste, La Gauche Démocratique et Sociale, La Gauche Cactus, le Mouvement
Républicain et Citoyen, Le Parti de Gauche, République et Socialisme.

La FSU, Sud PTT
Les fédérations CGT des finances, des banques et assurances et des services publics, la FNAF CGT, la CGT
Fonction publique, le comité national des travailleurs privés d’emplois et précaires de la CGT.
Les syndicats de l’IEDOM Tahiti, le SNB/CFE-CGC IEDOM Martinique, la CGTG IEDOM Guadeloupe, la CGTR
IEDOM La Réunion, la CGT IEDOM Mayotte.
Les syndicats CGT BNP Paribas, B2V, Caisse d’Épargne, Crédit Mutuel, AXA, GMF Assurances, CNAV, l’Union
des syndicats CGT du groupe Caisse des dépôts, la CGT Caisse des dépôts.

De nombreuses unions départementales et unions locales CGT (Ariège, Ardennes, Puy de Dôme, Côtes
d’Armor, Issoire, Mont de Marsan, etc.), le syndicat CGT des cheminots du QNEMP (Quart Nord-Est Midi-
Pyrénées), le syndicat CGT Santé du Brivadois, le syndicat SNCA e.i.l Convergence, le SNPTRI CGT, etc.

Des personnalités telles Fabien ROUSSEL Secrétaire national du Parti Communiste Français et député, Olivier
FAURE député de Seine-et-Marne et Premier secrétaire du Parti socialiste, Marc GRICOURT Maire de Blois et
1er Vice-Président à la Région Centre Val de Loire également Secrétaire national aux Services publics et à la Fonction
publique du Parti socialiste, Cathy APOURCEAU POLY Sénatrice Pas-de-Calais, Pascal TROADEC Adjoint au
maire en charge de l’Emploi à GRIGNY (91) Conseiller de l’Agglomération Grand Paris Sud, Catherine LEVY
sociologue, Nicolas UBELMANN réalisateur et documentariste, Jean-Claude TALLARON (membre du CA de
Convergence service public), Georges MARTEL (Cap à gauche), Véronique DANET responsable du livret
banque de la France Insoumise et élue de la mairie de Goussainville (95), etc.